
Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères depuis 2005, a été élu samedi à la tête de la Commission de l’Union africaine, succédant au Tchadien Moussa Faki Mahamat. Parmi ses dossiers prioritaires : le conflit dans l’est de la RD Congo, la guerre au Soudan ainsi que la mise en place d’une zone de libre-échange africaine.
Il est un diplomate à la longévité hors norme. Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères depuis 2005, a été élu, samedi 15 février, à la tête de la Commission de l’Union africaine.
Il va occuper la plus haute fonction de l’organisation continentale, avec le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo qui menace de déstabiliser toute la région, un Soudan en guerre et un nouveau président américain qui vient de sabrer dans l’aide internationale.
L’homme de 59 ans, au front dégarni et aux fines lunettes, faisait figure d’outsider face à l’opposant historique kényan Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et s’était affiché avec les chefs d’État du continent.
Mais de nombreux observateurs des arcanes de l’organisation panafricaine ont loué les « compétences » et la campagne à bas bruit de ce diplomate de carrière, francophone, arabophone et anglophone, très proche du président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh.
Il succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat, arrivé au terme de ses deux mandats. Le poste de président de la Commission, qui était cette fois réservé à un représentant de l’Afrique de l’Est, est stratégique puisqu’il est le chef exécutif de l’UA.
L’élection à vote secret s’est faite à la majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.
Il entame ses fonctions au moment où le conflit dans l’est de la RD Congo, avec le groupe armé M23 qui mène une offensive avec l’armée rwandaise, menace d’engendrer un conflit régional.
Le diplomate vétéran, qui a notamment été ambassadeur en Égypte, devra également gérer la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023 et entretenir des relations avec le président américain.
Donald Trump avait suscité l’indignation en Afrique lors de son premier mandat en parlant de certains États, dont africains, comme des « pays de merde ». À peine retourné à la Maison Blanche, il a annoncé un gel d’une bonne partie de l’aide internationale américaine, semant un vent de panique sur le continent.
« La paix et la sécurité »
Mahmoud Ali Youssouf est originaire de l’un des pays les moins peuplés du continent, avec seulement un million d’habitants.
Ce qui n’empêche pas Djibouti, petit pays de la Corne de l’Afrique, d’occuper une position stratégique face au détroit de Bab-el-Mandeb, par où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux.
La France, ancienne puissance coloniale et qui est de plus en plus contestée sur le continent, ainsi que les États-Unis et la Chine, y disposent de bases militaires.
Lors d’un entretien avec l’AFP en décembre, Mahmoud Ali Youssouf avait déclaré qu’il y a un « problème de gouvernance » dans certains pays africains, évoquant notamment ceux qui ont été secoués ces dernières années par des coups d’État.
Parmi ceux-ci, le Gabon, le Mali, le Niger ou le Burkina, sont toujours suspendus par l’organisation continentale.
Il avait alors décrit un continent en proie à « beaucoup de difficultés en ce moment avec des changements anticonstitutionnels, des crises politiques (…) dans certains pays, des conflits ouverts comme au Soudan, des tensions entre un certain nombre d’États ».
Pour permettre le développement économique, et notamment pour la mise en place d’une zone de libre-échange à l’échelle continentale, la nouvelle commission devra « commencer par la paix et la sécurité », anticipait-il également, citant la lutte contre les mouvements djihadistes au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.