La première formation d’opposition a désigné le cofondateur du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, incarcéré en attente de son procès, notamment pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Les candidats à la présidentielle sénégalaise de février 2024 Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sur un tract du Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). PASTEF
Invariablement, depuis des mois, ils ont répété qu’Ousmane Sonko était leur seul candidat. Peu importe que l’opposant sénégalais croule sous les procédures judiciaires, qu’il soit incarcéré, que sa santé s’altère : pour les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), personne d’autre que le maire de Ziguinchor ne pouvait représenter le parti lors de la présidentielle de février 2024. Mais le scrutin approchant, il a fallu se rendre à l’évidence : banni des listes électorales, Ousmane Sonko ne sera sans doute pas en mesure de concourir.
Acculée, la principale formation d’opposition sénégalaise a finalement désigné, dimanche 19 novembre au soir, Bassirou Diomaye Faye, comme candidat alternatif. Secrétaire général et membre fondateur du parti, il est l’un des principaux bras droits d’Ousmane Sonko. Une proximité doublée d’une ressemblance physique avec son mentor, qui lui vaut d’être surnommé « le clone ». « Parrainer Diomaye, c’est parrainer Sonko », martèle les responsables du Pastef à moins de trois semaines du 11 décembre, date butoir de dépôt des dossiers.
Pour certains observateurs avertis de la scène politique, la candidature de Bassirou Diomaye Faye est un pari risqué pour le Pastef. Bien qu’il soit encore inscrit sur les listes électorales, le secrétaire général du parti est lui aussi incarcéré. Arrêté en avril après la publication sur sa page Facebook d’un post où il remettait en question l’indépendance de certains juges dans l’affaire de diffamation qui oppose Ousmane Sonko au ministre du tourisme, Mame Mbaoye Niang, il a tout d’abord été poursuivi, notamment pour « outrage à magistrat ». Puis son dossier s’est alourdi en septembre de nouvelles charges telles que l’accusation d’« atteinte à la sûreté de l’Etat » et d’« association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ».
Mais, pour le Pastef, Bassirou Diomaye Faye incarne surtout une continuité quasi gémellaire avec Ousmane Sonko. Les deux hommes, diplômés de l’Ecole nationale d’administration (ENA), se sont connus dans les couloirs de la Direction générale des impôts et domaines. Ils ont milité ensemble dans le premier syndicat de la fonction publique créé par Sonko en 2005.