
L’OMS projette que, d’ici à 2030, la mortalité liée aux cancers devrait dépasser celle du paludisme, de la tuberculose et du VIH réunis.
Des patientes attendent d’être admises pour un dépistage cancéreux à Soweto, en Afrique du Sud, le 17 octobre 2023. EMMANUEL CROSET / AFP
Fin septembre, trois pays africains se sont lancés dans un programme pilote pour améliorer la prise en charge globale des cancers du sein et du col de l’utérus, qui pèsent pour plus de la moitié des cancers féminins en Afrique. Cette initiative est une étape dans la lutte contre ce fléau, qui a débuté au tournant des années 2010 sur le continent.
Portée par la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Zimbabwe avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du laboratoire pharmaceutique Roche, elle consiste à intégrer toute la chaîne de prise en charge de ces cancers féminins dans une politique de santé publique complète, de la promotion des soins de base dédiés aux femmes au dépistage précoce, en passant par la prévention et les traitements.
« Dans nos économies contraintes, malgré les problèmes de hiérarchie des urgences, l’idée d’une santé globale a émergé, clé de notre développement, témoigne le professeur Cheikh Tidiane Cissé, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’Institut d’hygiène sociale polyclinique de Dakar, qui a présenté, mardi 10 octobre, lors du congrès de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique à Paris, l’expérience du Sénégal en matière de lutte contre le cancer du col de l’utérus et du sein. On est en train de sortir d’un cloisonnement des prises en charge. Pour cela, il faut continuer à investir dans la prévention de ces maladies non transmissibles. »
Si les cancers − mais aussi les pathologies cardiovasculaires, l’hypertension, le diabète, l’obésité − sont longtemps restés dans l’ombre des grandes maladies infectieuses, priorité sanitaire du continent depuis des décennies, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) prévoit un doublement des cas ces vingt prochaines années en Afrique subsaharienne. L’OMS projette qu’à la fin de la décennie la mortalité liée aux cancers devrait dépasser celle du paludisme, de la tuberculose et du VIH réunis, qui ont tué environ 1,5 million de personnes sur le continent en 2021.
Longtemps considérés comme le lot des pays riches, les cancers et autres maladies non transmissibles se sont installés dans la vie des Africains à mesure que la « malbouffe », la sédentarité, la pollution, le tabagisme et la consommation d’alcool ont gagné les grandes villes, dont la population double tous les vingt ans. Le vieillissement du continent, où l’espérance de vie a augmenté de dix ans depuis 2000, a aussi une incidence sur cette explosion.
C’est un double fardeau pour l’Afrique et un paradoxe, explique la professeure Maïmouna Ndour Mbaye, directrice du Centre national de diabétologie de Dakar, au Sénégal. Nous vivons plus vieux et c’est une bonne nouvelle, mais en adoptant le mode de vie à l’occidentale, nous avons désormais le temps de développer les pathologies chroniques alors qu’on n’est pas encore débarrassés du paludisme ou de la tuberculose. »
Sur le front du cancer, ces dix dernières années, beaucoup a été fait. La plupart des pays africains se sont dotés de plans nationaux de lutte et de nombreux centres de radiothérapie ont été construits. Rien qu’en 2022 et 2023, onze sont sortis de terre, notamment en Afrique subsaharienne – le Bénin doit ouvrir le sien en 2024 – et 39 pays du continent sur 54 sont désormais équipés, d’après les données du registre international des centres de radiothérapie (DIRAC). Mais l’argent manque encore pour assurer une prise en charge complète des patients et un parcours de soins de qualité reste le privilège d’une classe moyenne urbanisée.
L’OMS projette que, d’ici à 2030, la mortalité liée aux cancers devrait dépasser celle du paludisme, de la tuberculose et du VIH réunis.
Des patientes attendent d’être admises pour un dépistage cancéreux à Soweto, en Afrique du Sud, le 17 octobre 2023. EMMANUEL CROSET / AFP
Fin septembre, trois pays africains se sont lancés dans un programme pilote pour améliorer la prise en charge globale des cancers du sein et du col de l’utérus, qui pèsent pour plus de la moitié des cancers féminins en Afrique. Cette initiative est une étape dans la lutte contre ce fléau, qui a débuté au tournant des années 2010 sur le continent.
Portée par la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Zimbabwe avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du laboratoire pharmaceutique Roche, elle consiste à intégrer toute la chaîne de prise en charge de ces cancers féminins dans une politique de santé publique complète, de la promotion des soins de base dédiés aux femmes au dépistage précoce, en passant par la prévention et les traitements.
« Dans nos économies contraintes, malgré les problèmes de hiérarchie des urgences, l’idée d’une santé globale a émergé, clé de notre développement, témoigne le professeur Cheikh Tidiane Cissé, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’Institut d’hygiène sociale polyclinique de Dakar, qui a présenté, mardi 10 octobre, lors du congrès de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique à Paris, l’expérience du Sénégal en matière de lutte contre le cancer du col de l’utérus et du sein. On est en train de sortir d’un cloisonnement des prises en charge. Pour cela, il faut continuer à investir dans la prévention de ces maladies non transmissibles. »
Si les cancers − mais aussi les pathologies cardiovasculaires, l’hypertension, le diabète, l’obésité − sont longtemps restés dans l’ombre des grandes maladies infectieuses, priorité sanitaire du continent depuis des décennies, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) prévoit un doublement des cas ces vingt prochaines années en Afrique subsaharienne. L’OMS projette qu’à la fin de la décennie la mortalité liée aux cancers devrait dépasser celle du paludisme, de la tuberculose et du VIH réunis, qui ont tué environ 1,5 million de personnes sur le continent en 2021.
Longtemps considérés comme le lot des pays riches, les cancers et autres maladies non transmissibles se sont installés dans la vie des Africains à mesure que la « malbouffe », la sédentarité, la pollution, le tabagisme et la consommation d’alcool ont gagné les grandes villes, dont la population double tous les vingt ans. Le vieillissement du continent, où l’espérance de vie a augmenté de dix ans depuis 2000, a aussi une incidence sur cette explosion.
C’est un double fardeau pour l’Afrique et un paradoxe, explique la professeure Maïmouna Ndour Mbaye, directrice du Centre national de diabétologie de Dakar, au Sénégal. Nous vivons plus vieux et c’est une bonne nouvelle, mais en adoptant le mode de vie à l’occidentale, nous avons désormais le temps de développer les pathologies chroniques alors qu’on n’est pas encore débarrassés du paludisme ou de la tuberculose. »
Sur le front du cancer, ces dix dernières années, beaucoup a été fait. La plupart des pays africains se sont dotés de plans nationaux de lutte et de nombreux centres de radiothérapie ont été construits. Rien qu’en 2022 et 2023, onze sont sortis de terre, notamment en Afrique subsaharienne – le Bénin doit ouvrir le sien en 2024 – et 39 pays du continent sur 54 sont désormais équipés, d’après les données du registre international des centres de radiothérapie (DIRAC). Mais l’argent manque encore pour assurer une prise en charge complète des patients et un parcours de soins de qualité reste le privilège d’une classe moyenne urbanisée.